mercredi 30 avril 2008

Choc culturel (1re partie)


Manao ahoana (prononcez "manona"),




Je suis arrivée. Pour ceux que ça intéresse, le vol s'est bien déroulé, sans trop de retard. On est arrivé à Paris vers 6h du matin et l'attente à Charles-de-Gaulle fut longue. L'aéroport est immense avec plein d'autobus à prendre pour se rendre au bon terminal.

*** là, je suis sur la terrasse de l'hôtel et c'est "la danse des canards" en malagasy qui joue à la radio, bizarre!!!!!!!****

On est parti de Paris un peu en retard et après un peu plus de 11 heures de vol avec quelques turbulences importantes (je me suis renversé un verre d'eau complet sur les pantalons) nous sommes enfin arrivées à Tana. Aucun problème à la douane qui est d'allure plutôt rudimentaire. Des garçons se sont précipités sur nos valises pour les transporter et j'ai dû courir pour ne pas les perdre de vue. Évidemment, dans toute ma naîveté, je leur ai donné 5 euros... On m'a dit que c'était beaucoup par après! L'aéroport est un peu en retrait de la ville à environ 30 minutes de voiture. Ce premier trajet en sol malagase fut impressionant. Sur le bord de la route, une quantité de baraques, certaines des maisons, d'autres des commerces sont en mauvais état. Les habitations ne sont pas très hautes et toutes sont collées les unes aux autres. Évidemment, c'était la nuit, environ minuit 30, et il y avait devant les maisons quelques personnes qui se chauffaient à l'aide de charbon placé dans une sorte de grosse poubelle de métal. Il y avait aussi plusieurs chiens qui rôdaient. Disons que j'étais contente d'être en voiture. Notre chauffeur, Lalayana est très sympathique et, selon ses mots, est à notre disposition. Cette disponibilité nuit et jour nous met un peu mal à l'aise, mais bon, on se sent un peu plus en sécurité.

L'hôtel est propre et bien tenu. La chambre est petite, mais confortable et j'ai remercié Dieu de pouvoir prendre une douche après 24 heures d'attente et de vol! Le personnel est très attentif et courtois, je ne me suis jamais sentie aussi "touriste de luxe"!

Après une courte nuit, nous avons déjeuné à l'hôtel et ensuite, Lalayana est venu nous rejoindre et nous sommes partis marcher dans le quartier. Un long escalier nous permet de sortir du quartier présidentiel où est situé l'hôtel. Rapidement, nous avons été assaillis par de vendeurs ambulants de cartes, de gousses de vanille grosses comme des cigares, de jouet en bois, etc. Nous avons acheté une carte de la ville pour éventuellement nous promener seules. J'ai trouvé très difficile d'avoir une horde d'enfants âgés peut-être entre 2 et 6 ans autour de moi qui me disaient: "madame, un peu d'argent, madame" Ils sont pieds nus, leurs vêtements sont déchirés, leur corps est couvert de blessures et d'égratignures, mais ils sourient et rient à pleine bouche. Je me suis retenue et ne leur ai rien donné. Mais vous pouvez imaginer que ça me fendait le coeur.

Asez vite, Lalayana m'a appris le mot magique: "tsy misy". Ça veut dire "je n'ai rien" et la première fois que je l'ai prononcé, j'ai peut-être parlé un peu trop fort. La petite qui me suivait m'a regardée d'un air effrayé et est partie en courant! Les Malagase ne parlent pas très fort, ils chuchotent presque. On est obligé de toujours faire répéter Lalayana. Mais bon, ça a fonctionné pour les mendiants!

Nous sommes allées dans une épicerie "occidentale", un "Shoprite" où nous avons acheté du jus et de l'eau embouteillée, car celle de l'hôtel est assez chère. C'est assez drôle, parce qu'on paye avec des billets de 5000 ariary, environ 3 dollars, et on nous demande si nous n'avons pas de plus petites coupures... Je n'ai pas eu de problème à retirer de l'argent du guichet automatique, mais on ne peut retirer plus de 100 000 ariary et c'est environ 62 dollars...ça va me coûter cher de frais bancaires!

Toujours lors de notre promenade, nous nous sommes arrêtés dans une petite pizzéria pour dîner. On a commandé trois pizzas, pour Isabelle (ma collègue de travail), moi et Lalayana. On était certaine que c'était des pizza individuelles. Erreur! Ce devait être des pizzas larges...pour 6000 ar chacune. Après deux bouchées, Isabelle s'est sentie mal et a fait une chute de pression. Lalayana est allé chercher la voiture et les gens du resto, très gentils, lui ont offert une chaise et du jus d'orange. On est donc revenu à l'hôtel. On manque toutes les deux de sommeil, six heures en deux jours, mais de mon côté j'ai la forme. Je ferai tout de même une petite sieste après avoir terminé ce billet et ma bière. À Mada, on boit de la "Three Horses Beer"!

On va rester tranquille ce soir et on repartira à la découverte de la ville demain matin, toujours à pied avec notre nouvel ami Lalayana.

Je pense à vous tous très fort!

P.S. les photos ont été prises de la fenêtre de chambre de mon hôtel....je suis trop peureuse encore pour sortir mon appareil-photo en plein rue...


Finalement, il n'y aura qu'une photo pour l'instant! La force du signal internet est trop faible, ça m'a pris 15 minutes pour en télécharger une...je ferai une autre tentative plus tard.




samedi 26 avril 2008

J-2: stress de dernière minute


Ceux qui me connaissent bien savent à quel point je peux être stressée devant les situations que je ne contrôle pas. Là, il y a plein de trucs sur lesquels je n'ai à peu près aucun contrôle. En voici une liste non-exhaustive:


- Je n'ai pas entre les mains mon billet d'avion. C'est Isabelle, qui est sur le projet avec moi, qui l'a.

- J'ai entre les mains le passeport et le visa de la même Isabelle. En somme: il faut ABSOLUMENT qu'on se trouve à l'aéroport.


- Il me manque 13 comprimés de malarone (un médicament à prendre tous les jours pour éviter d'attraper la malaria; si la malaria existait dans les pays industrialisés, croyez-moi que les compagnies pharmaceutiques auraient déjà rendu disponible un vaccin). J'ai oublié que je partais finalement plus longtemps que prévu. Je m'en suis rendue compte la nuit dernière. C'est la fin de semaine, pas possible de voir un médecin autrement qu'à l'urgence où je n'ai pas l'intention de me rendre. J'espère régler ça à distance lundi matin...

- Je devais me rendre à l'UQÀM hier pour prendre possession de certains documents. Il y a eu des menaces et les autorités ont fermé le secteur où je devais rencontrer les gens. Je n'ai pas mes documents. J'espère juste que le prochain de l'équipe à partir en mission pourra me les apporter...

- Notre chauffeur doit venir nous chercher à l'aéroport d'Antananarivo à notre arrivée mardi prochain. Les responsables du projet lui ont envoyé un courriel, mais il n'a pas encore répondu. Sera-t-il là?

-Au retour, dans trois mois, je passerai quelques jours à Paris...je ne sais toujours pas où je vais coucher...

- Et là, j'apprends que "Solo", mon chat favori, a fait une tentative de fugue dans les rues de Rosemont...une chance qu'ils l'ont retrouvé, je vais pouvoir partir la tête tranquille!


Je suis zen...

jeudi 24 avril 2008

J-4: ne pas trop savoir


Aujourd'hui, j'ai rencontré les gens de la maison d'édition qui s'occupe de la partie "matériel didactique et manuels" du projet à Madagascar. Essentiellement, c'est avec eux que je vais travailler. J'ai su un peu plus en détails ce que j'irais faire là-bas. Oh, j'avais déjà une bonne idée, mais maintenant, c'est un peu plus concret. Enfin, "un peu" est important dans la dernière phrase. Disons que j'ai commencé à goûter à l'Afrique (ce mauvais jeu de mots est destiné à Maxime).


Grosso modo, j'arrive là-bas mardi prochain et jusqu'au 4 ou 5 mai, je devrai composer des modèles de situations et de canevas de rédaction que mes auteurs (notez ici l'utilisation du "mes"... je suis incorrigible!) utiliseront pour commencer leur travail. Sauf que...

Personne ne sait qui seront les auteurs. Ni quelles seront leurs compétences. Ou leur expérience. Ni combien en aurai-je.

Les gens de la maison d'édition seront sur place trois semaines. Après ça, je suis en charge de mes équipes seule. Et je dois fournir Montréal en matériel le plus rapidement et le plus régulièrement possible pour qu'ils procèdent à la révision, à la mise en page, à l'impression et tutti quanti pour que le tout soit prêt à la rentrée de septembre.

Vous ai-je dit que je partais à l'aventure?


Trois manuels devront être écrits au cours de mon mandat: sciences sociales de 1re année, sciences sociales de 6e année et français de 6e année également. Et c'est ma responsabilité que le tout soit complété dans les délais. Aucun retard possible. Défiiiiiiii!


Ah oui, j'oublais: les nouveaux programmes ressemblent un peu à ceux de la réforme québécoise. Jusqu'à maintenant, à Madagascar, l'enseignement est sensiblement calqué sur celui de la France. Les profs qui lisent comprendront l'utilisation précédente du mot "défi". Les autres, imaginez l'Everest....


J'ai rarement été aussi heureuse.

mardi 22 avril 2008

J-6: découvrir la Grande Île (première partie)

Pour une grande majorité d'Occidentaux, les seules connaissances relatives à l'île de Madagascar qu'ils possèdent leur viennent du célèbre film produit par les studios DreamWorks. C'est aujourd'hui que ça change!

Sachez que Madagascar est la 4e plus grande île du monde après le Groenland, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et Bornéo. C'est une île économiquement pauvre, où la majorité des Malagasy (ne dites pas Malgaches, c'est perçu comme étant péjoratif) vivent avec moins de 2$ par jour. En effet, le salaire minimum est de 1900 Ariary par jour et un fonctionnaire en gagne 104 000 par mois. Pour vous donner une idée, un dollar canadien vaut actuellement 1600 Ariary. Cependant, le gouvernement de Madagascar est en train d'essayer d'améliorer la situation après quelques années de situation politique tendue. Le travail que j'y ferai va, entre autres, en ce sens.

Malgré tout, l'île est riche d'une faune et d'une flore luxuriante. Nous pouvons y trouver de nombreux produits qui, chez nous, sont considérés comme des produits de luxe: des gousses de vanille, des orchidées, des pierres précieuses dont les émeraudes, les améthystes et les rubis et, j'ai appris ça aujourd'hui, une cuisine urbaine digne du Périgord où règnent le canard et le foie gras. De nombreux animaux exotiques se trouvent également sur l'île, dont les lémuriens. Mais bon, connaissant ma passion des animaux, vous m'excuserez de ne pas m'y attarder plus longtemps, je préfère de loin le foie gras!

La République de Madagascar compte environ 20 millions d'habitants dont 25% seulement vivent en milieu urbain. Le reste de la population est répartie sur l'île, notamment sur les côtes et au centre. Ces gens vivent principalement de l'élevage, de la pêche, de la culture du riz et, un peu, du tourisme.

Durant les trois mois que je passerai là-bas, je vivrai dans la capitale, Antananarivo, Tana pour les intimes, située à 1500 m d'altitude. Un peu comme Québec, la ville est composée d'une partie basse et d'une partie haute sur laquelle on retrouve le palais des anciens rois et reines. J'ai l'intention de le visiter, je vous en reparlerai plus tard. La principale ville du pays compte 4 millions d'habitants et malgré le fait que les grands hôtels où débarquent les gens comme moi soient bien aménagés, la plupart des demeures n'ont pas l'eau courante et la présence de l'électricité est aléatoire au cours d'une journée. Je me sens un peu coupable tout à coup...


Je vous en dis plus une prochaine fois!

lundi 21 avril 2008

J-7: communications avancées


À une certaine époque (j'ai failli écrire "dans mon temps", mais je me suis rappelée que certains lecteurs étaient plus vieux que moi!), le téléphone était le moyen de communication privilégié pour garder le contact avec nos proches qui vivaient éloignés. Les choses étaient cependant un peu compliquées. En effet, le prix des appels téléphoniques étaient réduits après 18h la semaine et durant la fin de semaine. À première vue, ça peut ne pas sembler problématique du tout, mais quand il faut en plus tenir compte du décalage horaire, ce peut être un véritable casse-tête. Malgré tout, chez moi, c'étaient les moments privilégiés pour appeler grand-maman en Floride ou Sylvie en Suisse.

Chers amis, cette époque contraignante et dispendieuse est maintenant révolue.

En 2008, utiliser une ligne téléphonique terrestre pour appeler à l'étranger est complètement dépassé. Exit les frais interrubains astronomiques d'un certain ancien monopole d'état. Vive les communications libres et gratuites! Et ça s'appelle SKYPE.

Si vous savez de quoi je parle, allez tout de suite à la fin du présent billet, je ne ferai que vous ennuyer. Sinon, lisez, ça pourrait s'avérer instructif.

Skype, donc, est un logiciel qu'il faut installer sur son ordinateur. Pas besoin de se déplacer au magasin, il se télécharge uniquement en ligne. Son utilisation demande cependant de posséder un micro et des haut-parleurs ou un micro-casque. Vous vous inscrivez, vous ajoutez vos contacts (les gens que vous connaissez) et vous êtes prêts à téléphoner...gratuitement. Et pour une expérience enrichie, je conseille l'utilisation de la caméra web, comme ça, on peut même se voir! Et oui, la visioconférence si souvent aperçue dans les films de science-fiction, ça existe pour vrai!

Bon, si vous faites un peu de recherches sur internet, vous allez vous rendre compte que plusieurs programmeurs se demandent pourquoi les concepteurs de Skype (les mêmes qui étaient à l'origine de Kaaza, ce logiciel de partage de musique maintenant illégal) ne rendent pas publics leurs protocoles de sécurité et de cryptage, de même que leur code source. Mais bon, je ne pense pas avoir à vous mettre en garde contre les dangers de donner votre numéro de carte de crédit lorsque vous utilisez un tel logiciel...


Vous aurez deviné que je suis sur Skype, sous le nom amelieguay. Ajoutez-moi, on va pouvoir se parler!



P.S. Maman, ne t'inquiète pas, je vais te l'installer avant de partir ;)

dimanche 20 avril 2008

J-8: faire la fête et les valises


Pour ce premier billet, je voudrais d'abord saluer tous ceux qui viendront me lire, commenter et suivre, à distance, mes nouvelles aventures.


Je suis présentement dans les préparatifs avant le grand départ dans 8 jours. Tant de choses à acheter, à préparer, tant de gens à voir; c'est un véritable tourbillon.
Cette fin de semaine, j'ai eu la chance de fêter en compagnie des amis et de la famille. Des heures de plaisir, de moments intenses, un peu de pleurs, mais surtout, l'occasion pour moi de me rendre compte de tout ce que je quitte ici, à Montréal. Trois mois sont vite passés, c'est vrai. Mais je vais m'ennuyer des gens que j'aime, c'est sûr. C'est pourquoi, ces derniers jours, j'ai pris tout plein d'images mentales. Je les garde en réserve pour les jours plus difficiles qui viendront, probablement.


Mes valises commencent à être pleines. C'est la première fois que je pars aussi longtemps et je trouve difficile d'établir un ordre de priorité dans mes possessions. J'ai lu beaucoup de guides touristiques, de sites internet; j'ai fait des listes. Je crois que j'ai une bonne idée de ce vers quoi je pars. Reste que, concrètement, c'est l'inconnu. Évidemment, il y a des incontournables: chasse-moustiques, médicaments anti-paludisme, ordinateur portable, maillot de bain, etc. Mais après, une fois les essentiels placés dans l'une de mes deux valises, je dois choisir; et ça, c'est plus dur que ce je pensais. Quels livres est-ce que j'amène? De combien de paires de souliers aurais-je besoin? Et le matériel de travail? Ce n'est pas comme si je pouvais revenir s'il me manque quelque chose...et surtout, l'espace n'est pas illimité. Je vous le confirme donc: faire des valises pour un voyage d'affaires de trois mois n'est pas une mince affaire.

Un fait demeure cependant: je n'ai pas été aussi heureuse depuis longtemps! Et ceux qui me connaissent vraiment le savent...